Suisse, Smartwatches : le rendez-vous manqué ?
Ernst Thomke est un nom connu des seuls initiés, mais son œuvre a connu la postérité : la Swatch, co-créée avec Elmar Mocke et Jacques Müller. En plus de ses différents postes clés au sein d’ETA, Thomke est donc aujourd’hui un référent horloger tel que le fut Nicolas Hayek.
Aussi, quand l’homme s’attaque à l’industrie horlogère suisse, on lui prête une oreille attentive. Et pourtant, ses derniers propos, parus dans le quotidien local ‘Le Temps’, ne sont pas tendres. Il estime que cette industrie, actuellement, « emprunte une mauvaise voie ». En cause : le virage manqué des smartwatches, selon Thomke.
L’analyse est juste : les smartwatches (voir le site La Montre Bleue, site de vente en ligne de Smartwatches) sont l’apanage de la Corée du Sud ou du Japon – et sans généraliser à outrance, de l’Asie. Est-ce pour autant une erreur suisse que de ne pas avoir emprunté cette voie ?
A l’impossible nul n’est tenu
On peut opposer un point à l’analyse de M. Thomke : tout ce qui se porte au poignet n’est pas une montre. Maîtriser une grande complication, ou même tout simplement une Swatch, n’est pas du même ressort que la programmation logicielle et de la miniaturisation de composants électroniques.
Il y a encore 10 ans, lorsque la R&D liée au smartwatches se mettaient en place, la Suisse était un pays qui déployait encore les deux tiers de son PIB dans les services. Qui plus est, l’enjeu national était encore en ce temps au développement de l’horlogerie traditionnelle. Sans compter que la crise de 2007 – 2008 allait, plus que jamais, monopoliser les forces vives à en redresser la barre. Les smartwatches n’étaient pas nécessairement en haut des priorités.
Par ailleurs, la Suisse ne compte pas de marque leader d’électronique grand public portable, comme Apple, Samsung, LG et autres Asus. Créer une technologie est une chose, la faire endosser par une marque qui remporterait l’adhésion du public en est une autre.
A demi-mots, Ernst Thomke est-il donc en train de viser...son ex-employeur ? Le Swatch Group, dont il fut l’un des artisans, aurait été le seul à pouvoir s’emparer de l’électronique horlogère. Le groupe avait déjà la puissance financière requise. Il maîtrisait une partie de la chaîne d’approvisionnement de circuits électroniques, déjà utilisés pour ses montres à quartz. Il ne risquait aucun conflit d’image à se lancer dans cette bataille, contrairement à Richemont ou LVMH.
Aujourd’hui, il est trop tard pour la Suisse pour s’engager dans le marché des smartwatches. Ce n’est pas pour autant une erreur. Hayek père avait choisi une autre voie : la démocratisation de la montre mécanique, bientôt incarnée par la Swatch Sistem51. L’avenir dira qui des deux aura vu juste...
Olivier Müller
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