Geophysic de Jaeger-LeCoultre en détails
1958 : un sous-marin américain passe pour la première fois sous le Pôle Nord physique. 2014 : la presse est conviée place Vendôme pour une présentation. Le rapport ? La Geophysic de Jaeger-LeCoultre, au poignet du commandant du navire il y plus de 65 ans, et sa réédition par la manufacture en 2014.
Storytelling sur-mesure
La Geophysic s’inscrit dans un contexte historique bien particulier, cadre idéal d’un storytelling prépackagé pour marque horlogère. Dans les années 1957 – 1958, la guerre froide est à son apogée. Sur le continent américain, la chasse aux sorcières (communistes) est devenu un sport national. A l’est, la conquête spatiale est le prétexte rêvé pour exalter la grandeur de l’empire soviétique et, suivant un inceste historique dont l’URSS raffole toujours, de son leader.
Dans ce contexte de rivalité, la science patine. Chercheurs et scientifiques, aliénés à leur bloc respectif, ne progressent plus ensemble, mais les uns contre les autres. Et donc, fatalement, moins vite qu’une seule et même force dirigée vers un objectif commun.
Réconciliation scientifique
C’est pour briser cette infertile concurrence que l’UNESCO lança en 1957 un programme de collaboration scientifique internationale, visant à rassembler les esprits dans le seul but, partagé de tous, de faire progresser la science. Ainsi s’est dessinée l’occasion idéale pour Jaeger-LeCoultre de concevoir une montre destinée à cette communauté en quête de précision. La montre portera le nom fort explicite de Geophysic. Sa vocation n’aurait pas détonnée d’avec un Breitling contemporain : un « instrument for professional » !
La pièce de 1957 – 1958 se veut donc technique, robuste, fiable et précise. Elle se dote d’une astucieuse cage de Faraday formé d’un revers du cadran, lequel rentre littéralement dans la boîte (photo) et, au dos, son fond plein. La Geophysic est également contrôlée par le « Bureau Officiel de Contrôle de la Marche des Montres », lequel atteste d’un laconique « Résultat particulièrement bon ». Délicieusement vintage, l’on avait alors le sentiment de posséder un instrument d’une excellence chronométrique prestigieuse...
La Geophysic de l’époque, destinée à la communauté scientifique, est donc sobre, même si la marque s’est accordée deux versions de cadrans, l’un simple et l’autre barré de deux droites se croisant à la perpendiculaire sur l’axe des aiguilles, un habillage très seventies. Dernière fioriture : des index appliqués, sagement posés aux côtés de repères luminescents en Tritium, comme le voulait l’usage radioactif de l’époque. La pièce était à remontage manuel (cal. 478 BW SBR, pour Spiral Breguet), avec balancier en Glucydur pour contrer les effets néfastes des variations de température. L’ensemble se portait en 35 mm, la norme de l’époque.
Réédition 2014 : semper fidelis
Aujourd’hui, Jaeger-LeCoultre réinterprète cette pièce qui affole encore les enchères, pour la simple raison qu’en dehors d’une vague allégorie au travers d’une Master Compressor, la Geophysic n’a jamais été rééditée par la maison.
Comme son aïeule, la version 2014 est strictement limitée, ici en 1158 exemplaires : 800 en acier (7500 euros), 300 en or rose (13 800 euros) et 58 en platine (25 000 euros, en boutique uniquement). Les deux versions de cadrans sont réparties selon les finitions.
Son diamètre a été judicieusement agrandi de 35 mm à 38,5 mm, un choix raisonné et raisonnable qui évite le piège de l’oversize malheureusement si répandu et qui aurait profondément dénaturé l’équilibre esthétique de la Geophysic. Le mouvement manuel à 18 000 alt. / h a été mis à jour avec un cal. 898 / 1 automatique cadencée à 28 800 alt. / h, donc en théorie encore plus précis que son aîné.
Comment apprécier la Geophysic 2014 ? Comme une pièce qui a su conserver les subtilités de l’époque, un hommage fidèle. Certes, l’originale ne déployait pas une audace esthétique ou mécanique hors norme. On peut donc considérer que l’exercice de la réédition n’a pas été mené au forceps : une boite ronde, trois aiguilles, agrandir le tout de trois millimètres, voilà une tâche modeste pour le bureau technique Jaeger-LeCoultre. Il n’empêche que trop de marques s’engouffrent dans une modernisation à outrance de leurs pièces vintage, ruinant leur esprit, et c’est là un exercice dont la manufacture du Sentier s’est tenue à l’écart avec sagesse.
Pour les collectionneurs avertis, il faudra faire vite, cette réédition étant déjà vendue en large partie. On donnera à la version or une mention particulière, dont les modestes 38 mm préservent la discrétion. A ceux qui préfèrent traditionnellement l’acier pour sa sobriété, il faut ici tenter le pari de l’or rose. Avec le risque d’y succomber ?
Olivier Müller
Visuels © Delos Communications, Jaeger-LeCoultre, Le Guide des Montres.com
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