Haute horlogerie...de rue

 

Le concept avait été lancé par Richard Mille il y a quelques mois. Son principe : sponsoriser l’heure municipale ! Aberrant ? Pas tant que cela. En dehors des chronos de stade, une marque horlogère a bien peu d’occasions de s’offrir de manière permanente à la vue du grand public. Jusqu’à présent, seules quelques rares marques jouissaient de ce privilège, comme Mondaine ou Bodet. Motif : elles sont les horloges retenues par les CFF et la SNCF ! Mais en dehors des gares, point de salut.

 

Au printemps dernier, Richard Mille s’est donc offert une pendule monumentale destinée à la Ville de Québec. Il semblerait que l’idée ait fait son chemin puisque c’est à présent la maison Reuge qui s’affiche à Cincinnati.

 

La logique est donc la même, mais l’approche est différente. Richard Mille est horloger, Reuge conçoit des boîtes à musique. C’est donc une sculpture monumentale de quatre mètres de haut qui s’animera à la discrétion des passants, jouant une mélodie animée par Reuge. Il y a cent ans, il était habituel dans les gares suisses de voir et de mettre en fonction des boîtes à musique et des automates avec ballerine. Aujourd'hui, Cincinnati a repris cette culture. 

 

 

Doit-on se réjouir de cette initiative ? Sous l’angle horloger ou, plus simplement, de la belle mécanique traditionnelle, oui. La création signée Reuge, dernière manufacture au monde à développer des boîtes à musique traditionnelles, va probablement faire connaître cet art séculaire à nombre de passants qui ne savent même pas ce qu’est une boîte à musique. C’est également un excellent vecteur commercial et culturel de l’identité suisse. C’est enfin un biais d’interaction entre la ville et ses administrés, une action ludique permettant de découvrir la beauté d’une création artisanale.

 

Naturellement, en France, on crierait probablement au scandale. La rue est un espace public qui ne doit pas être investi par des marques à vocation mercantile, « le temps appartient à tous », stop pub et autres lieux communs. Ce sera le cri de ceux qui regrettent de ne pas avoir eu cette bonne idée. Surtout que Reuge a finement joué en associant la ville de Cincinnati à sa création : fabriquée par une équipe de Sainte-Croix composée de Nicolas Court, Cyril Glauser et Jean-Michel Bolens et par l’entreprise américaine Verdin (en charge de la structure extérieure), la sculpture a été inaugurée officiellement avec les autorités locales.

 

Cette opération marque également la poursuite de l’ascension de la maison Reuge. Inconnue du grand public il y a quelques années, elle s’est récemment offerte de très beaux partenariats, notamment avec Ferrari ou MB&F. La MM1, Music Machine 1, de Max Büsser & Friends, était cosignée Reuge. Et les deux séries de 33 exemplaires se sont arrachées comme des petits pains à Baselworld. Une seconde série devrait prochainement suivre. Reuge, the next big thing ?

 

Olivier Müller

 

Visuels © Reuge

 

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